Rêves de sommet

Pour moi et pour nous en tant qu’organisation, l’inclusion n’est pas un discours creux, mais fait partie de notre mission. La Fondation suisse pour paraplégiques – et Orthotec en est une filiale – a pu apporter une contribution à ce projet d’inclusion très concrète. Par exemple, Orthotec a fabriqué la luge spéciale et moi, alpiniste enthousiaste, j’ai mis à disposition ma force musculaire. Ce projet est un exemple de solidarité et d’inclusion vécue, un projet qui me tient à cœur.

Il y a toujours une belle histoire pour chacun des nombreux sommets sur lesquels j’ai déjà été. Parfois, l’anecdote est longue, parfois elle est courte. Que ce soit le Hundstein dans la région du Säntis, le Mont Blanc, le Margherita Peak dans les monts Rwenzori, l’Aconcagua dans les Andes, le Cervin, le Gonzen dans la région de Sargans ou encore le Mythen en Suisse centrale, une chose est toujours assurée : des moments de bonheur inoubliables et un respect profond qui me comblent. Les expériences au sommet sont toujours une grande source d’énergie et de bonheur pour moi.

Je pense à l’enthousiasme, la passion, la volonté et l’incroyable engagement de toutes ces femmes. C’est comme de nombreuses étoiles filantes qui ne perdront jamais de leur lustre. Nous avons réalisé de rêve de Nicole de retrouver un quatre mille. Ce sont l’esprit d’équipe, la solidarité, la force musculaire et la force mentale qui nous l’ont permis. Je remercie toutes celles qui ont contribué à la réussite de ce projet impressionnant. C’était une expérience inoubliable, touchante et émouvante qui m’a marquée. Arrivée au sommet du Breithorn, nous avons probablement toutes les larmes aux yeux – de joie. 

Nous avons été enthousiasmés dès le début par l’idée et par l’équipe. Nicole Niquille incarne ce pour quoi nous nous engageons au quotidien chez Orthotec: Liberté de Mouvement. Avec nos connaissances techniques et nos moyens auxiliaires, nous aidons les personnes ayant des restrictions physiques. Elles doivent pouvoir exploiter leurs possibilités et vivre leurs rêves. Il s’agit de pouvoir réaliser des activités normales du quotidien, telles que se déplacer en fauteuil roulant, en voiture ou saisir des objets. Certains rêves sont aussi un peu plus fous, tels que le retour au sommet d’un 4000 après 30 ans. Il se peut bien que nous soyons aussi un peu fous. Mais lorsque les produits standard ne permettent pas de résoudre le problème, il faut sortir du cadre. 

Nous posons beaucoup de questions. Nous sommes à l’écoute et réfléchissons. Tout cela aboutit à une solution. Les idées ne nous viennent pas seulement sur notre lieu de travail. Elles nous viennent après le souper, sous la douche ou n’importe où. Les idées naissent dans notre tête et continuent à prendre forme lors de la construction. Nous faisons des prototypes, les testons et les adaptons. Pour la luge de Nicole, nous avons par exemple d’abord simulé sa position assise. La trace sur le sommet ne mesure que 30 à 40 cm de large. Il a ainsi été rapidement clair que nous prendrions un snowboard comme base. Après les tests, les skis amovibles ont été ajoutés, afin d’économiser de la force dans la surface.

Elle doit être légère et en même temps très stable, car elle est tirée et poussée dans la neige et sur la glace. Le siège joue un rôle central. Les personnes paralysées médullaires développent des points de pression après peu de temps. Elles doivent être assises de façon optimale et doivent aussi pouvoir changer de position régulièrement. Les couvertures chauffantes sont déterminantes, car elles ne peuvent souvent plus réguler de la même manière la température du corps. Nous avons utilisé un siège de course comme base et avons développé un mécanisme pour abaisser le centre de gravité de la luge et l’adapter dans les montées. Un frein à pédale et différents dispositifs de traction et de maintien garantissent la sécurité et la puissance de poussée pour la conductrice de la luge et la cordée.